Le Chant des ouvriers

Pierre Dupont - 1846 Nous dont la lampe, le matin, Au clairon du coq se rallume, Nous tous qu’un salaire incertain Ramène avant l’aube à l’enclume, Nous qui, des bras, des pieds, des mains, De tout notre corps luttons sans cesse, Sans abriter nos lendemains Contre le froid et la vieillesse. Aimons-nous, et quand nous pouvons Nous unir pour boire à la ronde Que le canon se taise ou gronde Buvons ! Buvons ! Buvons ! A l’indépendance du monde ! Quel fruit tirons-nous des labeurs Qui courbent nos maigres échines ? Où vont les flots de nos sueurs ? Nous ne sommes que des machines. Nos Babels montent jusqu’au ciel, La terre nous doit ces merveilles : Dès qu’elles ont fini le miel, Le maître chasse les abeilles. Aimons-nous, et quand nous pouvons Nous unir pour boire à la ronde Que le canon se taise ou gronde Buvons ! Buvons ! Buvons ! A l’indépendance du monde ! A chaque fois que par torrents Notre sang coule sur le monde, C’est toujours pour quelque tyran Que cette rosée est
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