UN IDIOT À PARIS 1967 N°1/4 (Bernard BLIER, Jean LEFEBVRE)

AUDIARD, BLIER, LEFEBVRE, RÉMY, LAFONT Une grève surprise, bravo. Trente tonnes de barbaque sur le carreau alors qu’on meurt de faim à Chandernagor. Hourra. Monsieur Grafouillère vous êtes un meneur et vos petits camarades des inconscients. Vous semblez en effet mes amis que vous n’êtes que des salariés. C’est-à-dire les êtres les plus vulnérables du monde capitaliste, des chômeurs en puissance. Le chômage, hum, le chômage et son cortège de misère. Y avez-vous pensé ? NON M’SIEUR DESSERTINE !... Fini la p’tite auto, fini les vacances au Crotoy, fini le tiercé ! AAAAHHH… C’est pourquoi mes amis si vous avez des revendications de salaires à formuler, vous m’adressez une note écrite et j’la fous au panier et on n’en parle plus. Nous sommes bien d’accord ?... OUI M’SIEUR DESSERTINE !............ ALORS AU BOULOT ET UN PEU VITE ! Qu’est-ce que c’est qu’ça ? Virez-moi c’crétin, flanquez-le dans une citerne ou une bouche d’égout et qu’on n’en parle plus. Vous auriez pas honte de cabosser un orphelin ? C’est toujours pareil, on n’arrête pas de m’taper dessus parce-que je suis e l’assistance. ARRÊTEZ !... Arrêtez assassins, ha vous êtes vraiment des immondes. Tu es de l’assistance publique mon p’tit ? Oui M’sieur l’Maire. Oh moi aussi, mon semblable, mon frère !... Ah ne tremble pas j’te défendrai. J’serai ton bouclier, ton fer de lance. Nous ferons bloc. Comment t’appelles-tu ? Goubi. Ch’uis d’Jaligny dans l’Allier. Viens Goubi, viens. Moi j’m’appelle Léon Dessertine. QU’EST-CE QUE T’ATTENDS POUR TE R’LEVER ? UN PALAN OU UNE PAIRE DE TARTE ?... Comme toi je suis parti de rien, aujourd’hui on m’appelle l’Empereur de la Viande !... On m’craint et on a raison. Tu peux pas savoir c’que j’leur en fait baver. J’les mène au knout. Et qui ça ? Tous !... Parce que tu comprends y’a nous, les p’tits d’l’assistance et puis y’a les autres. Les inutiles, les surnuméraires !... Entre eux et nous pas d’quartier, c’est la guerre sainte. Faudra qu’ça s’termine dans un bain de sang !... J’savais pas. Si, si…
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