Témoignage : Henri Borlant, un adolescent à Auschwitz

Lorsqu’en 1942, Henri Borlant, 15 ans, est déporté à Auschwitz, “le grand camp où il y aura plus de 100 000 personnes, avec plusieurs crématoires et chambres à gaz, n’existait pas encore, puisque c’est nous qui le construirons“... Evadé d’un camp annexe de Buchenwald en 1945, il mène les premiers soldats américains devant l’horreur nazie.Témoignage recueilli en 2004 par le Mémorial de la Shoah et la Mairie de Paris. Biographie : Né à Paris dans une famille d’immigrés juifs russes de neuf enfants, Henri Borlant a 12 ans en 1939. Le 13e arrondissement de Paris ayant organisé l’évacuation de ses familles nombreuses juste avant la déclaration de guerre,les Borlant se réfugient à Saint-Lambert-du-Lattay (Maine-et-Loire).Les enfants sont scolarisés dans l’école catholique du village et baptisés. Le 15 juillet 1942, veille des rafles du Vél d’Hiv à Paris, des Allemands arrêtent une partie de la famille. Emprisonnés au Grand Séminaire d’Angers, Henri, son père, son frère Bernard et sa sœur Denise sont déportés le 20 juillet d’Angers vers Birkenau (Auschwitz II), en Pologne. “Le grand camp où il y aura plus de 100 000 personnes, avec plusieurs crématoires et chambres à gaz, n’existait pas encore, puisque c’est nous qui le construirons“, témoigne-t-il. Victime très tôt du typhus et de la dysenterie, il vivra l’enfer dans trois camps, échappant de justesse aux sélections du docteur Mengele pour la chambre à gaz. Son père et son frère mourront à Auschwitz. Le 3 avril 1945, Henri s’évade avec un ami du camp d’Ohrdruf, annexe de Buchenwald (Allemagne), que les nazis évacuent. Réfugiés chez un boucher antinazi, ils voient débarquer les premiers soldats américains, qu’ils amènent au camp d’Ohrdruf, jonché de cadavres. Alerté, l’état-major américain découvre l’horreur nazie dans ce camp. Après-guerre, atteint par la tuberculose, Henri se lance dans des études de médecine et épouse une Allemande. Le docteur Borlant a mis du temps avant de revenir à Birkenau. “On oublie aussi pour survivre“, estime-t-il. Dans les années 1980, il s’engage dans l’association Témoignage pour mémoire, puis au sein de la Fondation pour la mémoire de la déportation. Il dit continuer aujourd’hui à chercher le pourquoi de l’Holocauste et des autres génocides.
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